Les paroles de la chanson
« Les clochards »
Berthe Sylva

Sur le boulevard
L’air furibard
Un bourgeois f’sait du pétard
"Mais voyez donc
Mon cher Dupond
Ma feuille de contribution!"
"Mon pauvre Durand"
Fit l’autre en pleurnichant
"J’ai payé presque le double!"
Et un vieux clochard
Qui passait par hasard
Leur dit "Moi, c’est pas ça qui m’ trouble!"

{Refrain:}
Nous autres, les clochards,
On est les plus baths
Et les plus veinards
La vie est si pénible
Pour les pauvres richards
V’là pourquoi, blague à part,
Quand on est sans un
On est plus peinard
Le seul métier possible
C’est celui de clochard!

Dans le quartier
Des terrassiers
Viennent parfois pour travailler
Pour avoir chaud
-Dame! Il le faut-
Ils allument un brasero
Et devant le feu
Les clochards sont heureux
De faire leur petite manille
Et quand vient l’agent
Ils lui disent carrément
"Pourquoi qu’on a pris la Bastille?"

{au Refrain}

À la saison
Des réceptions
Ils se reçoivent sous les ponts
"Bonjour, marquis
Les baths ribouis! (1)
Prêtez-moi-les, cher ami!"
N’ayant pas d’ phono
Pour se jouer des tangos
Ils font la musique eux-mêmes
Et amoroso
Ainsi que les oiseaux
Ils sifflent
Les refrains qu’ils aiment

Le seul métier possible
C’est celui de clochard!

(1) ribouis : chaussures, souliers en argot