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Les paroles de la chanson
« Maudite clochette »
Juliette

Du matin au soir, il faut courir dans l’escalier
Et le monter, et le descendre, et le monter
Au ding ding oppressant de la clochette qui sonne
Et qui resonne et qui résonne et qui ordonne,
Pas une minute de répit, il faut croire que la patronne
Ne peut rien faire sans sa bonne

Un coup pour aller l’habiller, deux pour le petit-déjeuner,
C’est parti pour toute la journée,
Pour les affaires à repasser, pour les chaussettes de Monsieur,
Pour les chapeaux ou les cheveux,
Pour finir un sourire pincé en guise de vague merci
Madame pense que ça suffit

Maudite clochette
Et maudit métier
Je fais la soubrette
Dans les beaux quartiers
Quand j’entends sonner
Je suis toujours prête
Modeste et discrète
Serviable et zélée
En un mot... parfaite
Maudite clochette

On peut dire que Madame sait faire marcher une maison
Au doigt, à l’œil, à la baguette,
Ici, maintenant, pour un oui, pour un non
À tort ou à raison, elle fait sonner sa sonnette
Alors surtout, il faut se presser, ne pas traîner, ni rêvasser
Ne pas penser, ne pas penser

Ding ding, viens ici, va là-bas, ding ding, fais ceci, fais cela
Ding ding, préparez-nous le repas
Ding ding, servez le thé au salon
Ding ding, il nous faut du charbon
Ding ding, faites les cuivres à fond
Ding ding, de la cave au grenier, du haut en bas de l’escalier
Des chambres au cuisine
Ding ding ding
Ding ding ding

Maudite clochette
Et maudit métier
Je fais la soubrette
Dans les beaux quartiers
Quand j’entends sonner
Je suis toujours prête
Mon corps et ma tête
Jamais fatigués
Et rien ne m’arrête
Maudite clochette

Madame s’arrange bien souvent pour sucrer
Mon jour de congé, oublie de me le redonner
Quand je fais une course au marché
Elle recompte la monnaie, avant, après, on n’sait jamais
Et s’il manque une petite cuiller, on ne dit rien et l’on s’étonne
Mais c’est la bonne qu’on soupçonne

Comme elle a la fâcheuse manie de contrôler mes faits et gestes
Qu’elle veut savoir tout et le reste
Cette garce surveille mes lectures, épluche mon maigre courrier,
Fouille ma chambre et mon passé,
Mais je ne dis rien, je serre les dents
L’âme humiliée, je ne suis personne
Qu’une domestique que l’on sonne

Maudite clochette
Et maudit métier
Je fais la soubrette
Dans les beaux quartiers
Quand j’entends sonner
Je suis toujours prête
Pauvre marionnette
Tellement dévouée
Patiente et honnête
Maudite clochette

Mais je sais bien qu’une nuit viendra,
Nuit de colère, nuit de cendres
Ding ding, il me faudra descendre
Madame a tellement peur de l’orage
Et comme Monsieur est parti
Faut que je lui tienne compagnie
Que je redresse ses oreillers
Que je lui porte un verre de lait
Et plus vite que ça, s’il vous plaît!

Tu ne devrais pas parler comme ça, pauvre Madame,
Seule dans ton lit, si vulnérable à ma folie
Tu viens de sonner une fois de trop
Il faut que cesse cette torture
À coups de ciseaux de couture
Et je vois dans ton regard perdu
Qu’il n’y a que ça que tu comprennes,
Ton sang qui coule sur ma haine

Maudite clochette
Sais-tu que je souhaite
Quand j’entends sonner?
Te couper la tête
Et la faire rouler
Du haut de l’escalier
Les mâchoires serrées
Sur ta chère clochette
À jamais muette

Ça va, ça va, on vient, on arrive

... Maudite clochette