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Les paroles de la chanson
« Chandelle »
Jean-François Battez

C’était un vieux cheval qu’on appelait Chandelle
Descendu à la mine y’a sept ans à la noël
Et tous les hommes l’aimaient bien ce frère de misère
Cet éternel força privé de lumière
Pour ne pas qu’il se blesse traînant ses lourdes charges
On avait pavé le sol humide entre les longues rails
Tapissé les galeries de cendres de chaudière
Pour rendre un peu moins rude sa longue nuit d’hiver

J’étais un galibot de neuf ans et la fosse
M’avait avalée comme lui, maigre et pauvre gosse
Je l’aimais tendrement pauvre bête de somme
Il prenait tant sa part du grand fardeau des hommes
Avant de remonter j’allais le bouchonner
Le soigner le penser, longtemps le caresser
Eclat dans la noirceur, d’un obscur infini
Passait dans son regard la douceur d’un merci

Chandelle était unique Chandelle était magique
Acheté pour trois sous à un cirque en faillite
Quand un bruit de ferraille claquait comme un fouet
Tout seul il s’agenouillait, tête baissée saluait
Et si on lui touchait par endroit l’encolure
Il levait patte droite et prenait fière allure
Pour quelques mots choisis que j’avais deviné
Sur ses sabots meurtris, se mettait à danser

Je me souviens du soir ou ils l’ont remonté
Ombre noir au soleil d’une douce journée d’été
Un grand sac sur la tête cachant ses yeux tout blancs
Le museau frémissant aux milles parfums des champs
C’était son ancien maître qui l’avait racheté
A la grande compagnie qui lui avait volé
Un retour de fortune, un cœur plein de bonté
J’ai su ce jour là qu’un homme pouvait pleurer

C’était un vieux cheval qu’on appelait Chandelle
Descendu à la mine y’a sept ans à la noël
Et tous les hommes l’aimaient bien ce frère de misère
Sa robe était blanche si pure dans la lumière