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Les paroles de la chanson
« Crépuscule - tranfert »
Hubert-Félix Thiéfaine

Dans la clarté morne et glaciale
D’un ténébreux soleil d’hiver,
Tu te blottis comme un animal
Sous les tôles rouillées d’une Chrysler.
Entre une laverie automatique
En train de cramer et un bunker,
Y a plus grand-chose de magnétique
Sur la bande son de ton flipper.
Les gens tristement quotidiens
Dans leur normalité baveuse
Traînent leur futur d’euro-pingouins
Au bout d’leurs graisses albumineuses
Et toi tu ne sais plus où aller,
De cul de sac en voie sans issue.
T’as juste appris à éviter
Les snipers et les tirs d’obus.
L’horreur est humaine, clinique et banale,
Enfant de la haine, enfant de la peur.
L’horreur est humaine, médico-légale,
Enfant de la haine, que ta joie demeure!

Sous les regards torves et nighteux,
Des cyborgs aux circuits moisis,
Les cerveaux devenus poreux
S’en retournent à la barbarie
Et tu traînes tes tendres années
D’incertitude et d’impuissance.
Parfois tu rêves de t’envoler,
De mourir par inadvertance.
L’horreur est humaine, clinique et banale,
Enfant de la haine, enfant de la peur.
L’horreur est humaine, médico-légale,
Enfant de la haine, que ta joie demeure!

Dans les dédales vertigineux
Et séculaires de ta mémoire
Tu froisses un vieux cahier poisseux
Plein de formules d’algèbre noire
À quoi peut ressembler ton spleen
Ton désespoir et ton chagrin
Vus d’une des étoiles anonymes
De la constellation du chien
L’horreur est humaine, clinique et banale
Enfant de la haine, enfant de la peur
L’horreur est humaine, médico-légale
Enfant de la haine, que ta joie demeure!