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Les paroles de la chanson
« Je ne suis pas à plaindre »
Akhenaton

C’était un jour de pluie où l’on n’aime pas mettre
Un seul pied dehors, la tête à la fenêtre
J’étais très occupé à me plaindre de notre concert
Du lieu, du son, des conditions, de l’atmosphère

Qui régnait, mais peu de temps avant de jouer
Une dame s’est approchée et m’a dit
"Cet enfant est condamné
Son rêve est de vous rencontrer"

Elle avait fait 400 kilomètres en ambulance pour nous voir
Ecouter le répertoire ce soir
Quand Steve est descendu, son visage était pâle
Miroir de la maladie, une empreinte du mal

Le concert terminé il était si content
Que ses yeux retrouvèrent les couleurs du printemps

Puis, je lui fis faire des promesses sur une année
Pour empêcher le désespoir de l’emporter
Je suis parti environ trois semaines
Quand je suis revenu, Pascal n’était plus le même

Il m’a dit, tu sais, les plus beaux cœurs ont une fin
Le 23 août au soir, Steve s’est éteint
Je n’ai pas pu te parler, désolé
Mais pour toi ces paroles sont nées, 21 jours après

Moi qui me plaignais de mes vacances
De ceci, de cela, de l’argent que j’ai paumé en France
Chill a perdu 200 balles à Roissy
Et Steve a perdu la vie à 17 ans et demi

Depuis ce jour, le caprice dort dehors
Et j’ai promis d’éviter de chialer sur mon sort
Tout ce que j’ai dit, que je n’aurais jamais dû dire
Je le regrette car ma vie jusque-là n’a pas été la pire

Il y a des soirs où je suis si malheureux
J’ai réalisé être un petit con capricieux
Steve d’où tu es, je suis sûr que tu peux me voir
Ces mots sont à jamais pour ta mémoire

Je ne suis pas à plaindre

Il est arrivé la main tendue vers nous, moi
Je pensais qu’il voulait des sous.
Cette nuit-là à Marrakech je ne l’oublierai de sitôt,
Il demandait seulement un escargot.

Vois-tu le décalage de rêves qu’il y a entre nous enfin?
Le bonheur pour lui, pour moi est un rien
Ce sont des faits effrayants
Il était minuit, lui tout seul en haillons, il avait 4 ans

Je suis parti un nœud dans les entrailles
Mais lui heureux tout plein, les cheveux en bataille
Des images douloureuses alors sont revenues dans mon cœur
Que je voulais oublier à jamais

Comme cet enfant qui pleurait
Battu par son père qui semblait enragé
La ceinture dans une main, de l’autre il agrippait ses cheveux
Parce qu’il ne voulait pas faire des trucs avec les messieurs

Je revois la misère, ces gosses qui ne voient pas
La mort flotter sur les bidonvilles de Casa
Les dirhams que j’ai donnés pour une fleur
Et que ce petit a gardé, une heure sur son cœur

Moi, étant gamin, je partais faire des footings
Et grognait tous les jours pour un trou dans mon training
Une pièce de cuir, autre défaut dans mon château
Les semelles de mes Kickers et les lacets de mes Tobaccos

Je crisais quand mes amis sortaient
Des fois ma mère ne pouvait pas me donner assez
J’y repense aujourd’hui et le mal devient bon
A côté de ces enfants, nous sommes nés dans le coton

Je ne peux rien changer, je ne peux rien y faire
Les jours où j’ai flippé, j’aurais juste dû me taire

Je ne suis pas à plaindre