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Les paroles de la chanson
« La vieille »
Jean-Marc Le Bihan

Ça y est, elle a crevé, la vieille
Le vieux était parti plus tôt
Ils ouvrent les placards de la vieille
Sont en argent, tous les couteaux
Elle a gagné si peu, la vieille
Qu’elle économisait tout le temps
La Caisse d’Epargne veille à l’oseille
Et son oseille, c’est notre argent

Dans la chambre, on veille la vieille
La vieille est morte, ils emportent tout
Ils se partageront les restes
D’une petite dame aux cheveux blancs
L’argent pourrit tous ceux qui l’aiment
Ils sont nombreux ceux qui aiment l’argent

Avec du pognon dans la poche
Et quitte à perdre l’amitié
On se trahit, on devient moche
On oublie jusqu’à s’oublier
Tu te crois fort, tu te crois riche
Tu te dis petit parvenu
Mais sache qu’au regard des plus riches
Tu n’es rien d’autre qu’un trou du cul

Tu fais comme si tu as de la thune
Faut dire qu’ la vieille n’en avait pas
Tu bouffes, connard, sa p’tite fortune
Au casino des cons d’en bas
Faut dire qu’ la vieille vous aimait tant
Qu’elle faisait attention à vous
Faut dire qu’elle était de son temps
Mais, de son temps, tout l’ monde s’en fout

Elle était fragile et si tendre
Qu’elle se réveillait en pleine nuit
Et toujours là pour vous défendre
A faire soleil quand il faisait pluie
Elle était chouette, c’est vrai, la vieille
Son p’tit livret n’est pas si p’tit
Elle avait sa p’tite fiche de paye
Tu la voles en pleine nuit

Tu t’achèteras un bateau
Pour faire le beau à Saint-Tropez
Petit, petit mais assez gros
Le p’tit magot qu’elle t’a laissé
Avec ses doigts de couturière
Elle a tissé toute sa peau
Et si son argent te rend fier
Bienvenue chez les cons d’en haut

Tu sais, quand tu mourras, ma vieille
Lorsque tu rejoindras papa
Je serai triste, ma petite vieille
La tristesse ne se compte pas
J’achèterai des marguerites
Ton chanteur de rue malheureux
Déposera son bouquet d’artiste
Sur la tombe des jours heureux

Car tu disais toujours, ma mère
"Pourquoi les gens vont sans bonheur?"
Et ce bonheur-là, mon p’tit père
L’avait déposé sur ton cœur
Je veux crier ma vie d’artiste
Celle qui ressemble à tes grands yeux
A ce bouquet de marguerites
Qui me rendra si malheureux

Mais je ferai ma vie d’artiste
Et je resterai droit debout
Comme un vieux clown qui se détriste
Je ferai rire malgré tout
Maman, je veux te dire "Je t’aime!"
Et tu le sais depuis longtemps
Ce verbe-là reste le même
Pour des milliards, milliards d’enfants

Alors, tu sais, ma petite vieille
Ce que je veux garder de toi
Je n’envie rien, ma petite vieille
Ni ceux d’en haut ni ceux d’en bas