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Les paroles de la chanson
« La vieille djellaba »
Jean-Marc Le Bihan

Le vieil homme réfléchit
Assis face à la mer
Il voit son Algérie
Cœur sanglant sur la terre
Il a les larmes aux yeux
Marseille s’est endormie
Il vague comme il peut
Son bateau c’est l’esprit

Sa vieille djellaba
Il l’a toujours portée
Comme ton costume de soie
Ton jeans délavé
Et quand il a souffert
Aux rires des imbéciles
Son visage berbère
Parlait toujours kabyle

Surtout ne l’oublie pas
Car tu es né de lui
Dans ta banlieue, p ’tit gars,
Si un jour tu l’oublies
Tu auras tout perdu
Ton père, ta mère, ta terre
Et si tu n’en peux plus
Repense à ton grand-père

Il est venu ici
Travailler pour le pain
Ses nuits, ses insomnies
Ses soucis quotidiens
Sa vieille djellaba
Elle les connaît par cœur
Il venait de là-bas
Il pleurait comme tu pleures
Quand je dis "il pleurait
Il pleurait comme la pluie"
Je veux dire "il disait
Tout ce qu’on n’a pas dit"
Travailler pour le pain
S’éteindre de fatigue
Ton grand-père comme le mien
Reste le meilleur guide

La vielle djellaba
Toujours contre sa peau
Tu n’es pas de là-bas
Mais tu es de sa peau
Et les yeux du vieil homme
Tendus vers l’horizon
Ont le regard du gone
Qui écrit cette chanson

Je veux dire en cela
Ouvrez tout grand vos yeux
La vieille djellaba
Ecorce du bon Dieu
C’est l’amour d’un soldat
Qui déteste la guerre
C’est ton cœur quand il bat
C’est l’âme de ton grand-père

S’il vous plait, Messieurs Dames,
Arrêtez de mentir
Mourir n’est pas un drame
S’exiler c’est mourir
Le mot intégration
Est un mot de raciste
Cette terre c’est ton nom
Ta joie et ton supplice

Et ne l’oublie jamais
Ce vieux en djellaba
Il est porte-secret
Il est ton vrai combat
Moi qui suis né d’ici
Qui m’en vais voir ailleurs
Je porte son Algérie
Comme on offre une fleur

P’tit gars, dans ta banlieue
N’oublie pas ton histoire
Un jour, on devient vieux
Un jour, il se fait tard
La vieille djellaba
C’est tes yeux merveilleux
N’oublie pas, petit gars,
Tu es l’eau et le feu

Et le vieil homme se lève
Tourne le dos à la mer
Marseille se réveille
Il commence à se taire
La vieille djellaba
Portée par le soleil
Le ciel de haut en bas
S’éclaire d’un arc-en-ciel

Surtout ne l’oublie pas {x3}