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Les paroles de la chanson
« Paris, octobre 67 »
La Tordue

Paris sous Paris
Paris sous la pluie
Trempé comme une soupe
Saoul comme une barrique

Notre-Dame est vierge
Même si elle est à tout l’monde
Et malgré son penchant
Pour les cierges

A l’heure où les gargouilles baillent
Le bossu du parvis
S’en va pisser sa nuit
Dans les gogues du diable
Alors bavent les gargouilles
Sur les premières grenouilles
S’entend de bénitier
Bien plus bêtes que leur pied
Qui ne fut jamais pris
Oh pas de mauvais plis
Dans leur lit refroidi
Tombeau des vieilles filles
Cachot de la vertu
Pourtant pas d’ciel en vue
Surtout pas de septième
Pour ces corps en carême
Au cœur empaillé
Au cul embastillé
A l’abri des bascules
Et à leur grand dam
Qui est tout minuscule
Ne connaîtront jamais
ni la grâce ni les
Grasses matinées

Cependant que Paris
Paris sous Paris
Paris, Paris saoul
En dessous de tout
Dessaoule par d’ssus les ponts
Que la Seine est jolie
Ne seraient ces moribonds
Qui déshonorent son lit
Mais qu’elle traîne par le fond
Inhumant dans l’oubli
Une saine tuerie
C’est, paraît-il, légal
Les ordres sont les ordres
c’est Paris qui régale
Braves policières hordes
De coups et de sang ivres
Qui eurent carte et nuit blanches
Pour leur apprendre à vivre
A ces rats d’souche pas franche
Qu’un sang impur et noir
Abreuve nos caniveaux
Et on leur fit la peau
Avant d’perdre la mémoire

Des pandores enragés
Aux fenêtres consentantes
et, en passant soit dit
Qui ne dit mot acquiesce,
Durent pourtant résonner
De la chaussée sanglante
Jusque dans les Aurès
Leurs cris ensevelis
Sous la froide chaux-vive
D’une pire indifférence
Accompagnée de "Vivent
les boules Quiès et la France!"

Croassez chères grenouilles
Que l’histoire ne chatouille
Pas toujours au bon endroit
Ô bon peuple françois
Dort sur tes deux oreilles
Mais je n’jurerai pas,
Loin s’en faut aujourd’hui,
Que l’histoire ne s’enraye
Sous le ciel de Paris