Les paroles de la chanson
« Quand la charlotte prie notre-dame »
Angèle Coutu
Seigneur Jésus, je pense à vous
Ça m’ prend comme ça, y a pas d’offense
J’ suis morte de froid, j’ me tiens plus debout
Ce soir encore, j’ai pas eu d’chance
Ce soir, pardi, c’est réveillon!
On n’ voit passer qu’ des rigoleurs
J’gueulerais "Au feu!" ou "Au voleur!"
Qu’ personne y ferait attention
Et vous aussi, Vierge Marie,
Sainte Vierge, Mère de Dieu,
Qui pourriez croire que j’ vous oublie,
Ayez pitié du haut des cieux
J’suis là, Sainte Vierge, à mon coin d’rue
Où d’puis l’apéro, j’ bats la semelle
J’ suis qu’une ordure, qu’une fille perdue
C’est "La Charlotte" qu’on m’appelle
Sûr qu’avant d’ vous causer première,
Jeune femme qu’est plus bas que l’ ruisseau
Devrait conobrer ses prières
Mais y m’en revient que des p’tits morceaux
Vierge Marie... pleine de grâce...
J’ suis fauchée à mort, vous savez,
Mes poignets, c’est pu qu’une crevasse
Et me v’là ce soir sur l’ pavé
Si j’entrais m’ chauffer à l’église
On m’ foutrait dehors, c’est couru
Ça s’ voit trop que j’ suis fille soumise
Oh! mand’ pardon, j’ viens d’ dire "foutu"
Tenez, z’yeutez, c’est la saint Poivrot
Tout flambe, tout chahute, tout reluit
Les restaurants et les bistrots
Ils ont la permission d’ la nuit
Tout chacun n’ pense qu’à croustiller
Y a plein d’monde dans les rôtisseries
Les épicemards, les charcuteries,
Que ça sent bon l’boudin grillé!
Ça m’ fait gazouiller les boyaux
Brrr! À présent Jésus est né
Dans les temps, quand y s’est amené
Si y gelait comme y gèle c’te nuit
Su’ la paille de vot’ écurie
Vous avez bien dû avoir froid
Jésus et vous, Vierge Marie
Bing! On m’ bouscule avec des litres
Des pains d’ quatre livres, des assiettes d’huîtres
Non, regardez-moi tous ces chameaux!
Oh! excusez, Vierge Marie,
J’crois qu’j’ai encore dit un vilain mot
N’est-ce pas que vous êtes pas fâchée
Qu’une fille d’amour pleine de péchés
Vous cause ce soir à sa manière
Pour vous expliquer ses misères?
Dites-moi que vous êtes pas fâchée
C’est vrai que j’ai quitté d’ chez nous
Mais c’était qu’ la dèche et les coups
La doche à crans, l’dâb toujours saoul
Les frangins déjà affranchis
C’était un vrai enfer, Sainte Vierge,
Soit dit sans être une effrontée,
Vous-même y seriez pas restée
C’est vrai que j’ai plaqué l’ turbin
Mais l’ouvrière gagne pas son pain
Quoi qu’a fasse, elle est mal payée
A n’ fait même pas pour son loyer
À la fin, quoi, ça décourage!
On n’a pu de cœur à l’ouvrage
Ni le caractère ouvrier
J’ dois dire encore, Vierge Marie,
Que j’ai aimé sans permission
Mon p’tit, mon béguin, un voyou
Qu’est en c’ moment en Algérie
Rapport à ses condamnations
Mais quand on a trinqué tout gosse
On a toujours besoin d’ caresses
On se meurt d’amour toute sa vie
On s’arrêtait pas, que voulez-vous
Pourtant j’y suis encore fidèle
Malgré les autres qui m’ courent après
Y a l’ grand Jules qui veut pas m’ laisser
Faudrait qu’avec lui j’ me marie
Histoire, comme on dit, d’ l’engraisser
Ben, jusqu’à présent, y a rien d’fait
J’ai pas voulu, Vierge Marie
Enfin, je suis dégringolée
Souvent on m’a mise à l’hosto
Et j’ m’ai tant battue et soûlée
Que j’en suis pleine de coups d’ couteaux
Bref, je suis pu qu’une saloperie
Un vrai fumier, Vierge Marie,
Seulement, quoi qu’on fasse ou qu’on dise
Quand on veut s’acheter une conduite,
Y a quequ’ chose qu’est pus fort que vous
Eh ben, c’est pas des boniments
J’ vous l’ jure, c’est vrai, Vierge Marie,
Malgré comme ça qu’ j’aille fait la vie
J’ai pensé à vous ben souvent
Et ce soir encore, ça m’rappelle
Un temps qui jamais ne reviendra
Ousque j’allais à vot’ chapelle
Les mois que c’était votre fête
J’ revois vot’ belle robe bleue, vot’ voile
Même qu’il était piqué d’étoiles
Vot’ belle couronne d’or sur la tête
Et votre trésor sur les bras
Pour sûr que vous étiez jolie!
Comme une reine, comme un miroir
Et c’est vrai que j’ vous revois ce soir
Avec mes yeux de gosseline
C’est comme si que j’y étais, parole!
Seulement, c’est ps comme à l’école
Ces pauvres calots, ce soir, Madame,
Y sont rougis et pleins de larmes
Aussi, si vous vouliez, Sainte Vierge,
Faire ce soir quelque chose pour moi
Pour l’ temps qu’ j’étais pas une impie
Vous n’avez qu’à lever un p’tit doigt
Et n’ pas vous occuper du reste
J’ vous d’mande pas des choses pas honnêtes
Faites seulement que j’ trouve et ramasse
Un porte-monnaie avec galette
Perdu pas un d’ces muf’ qui passent
À moi plutôt qu’au balayeur
Un porte-lasagne, Vierge Marie,
N’y aurait-y d’dans qu’un larantqué
Ça m’aiderait pour m’aller planquer
Ça m’ permettrait d’attendre à demain
Et d’ m’enfoncer dix ronds d’ boudin
Ou alors, si vous pouvez pas
Ou voulez pas, Vierge Marie,
Vous allez m’trouver ben hardie
Mais faites-moi de suite sauter l’pas
Et pis, emmenez-moi avec vous
Prenez-moi dans le paradis
Ousqu’y fait chaud, ousqu’y fait doux
Où plus jamais je ferai la vie
Sauf mon p’tit dont j’ suis pas guérie,
Vous pensez qu’ je ne regretterai rien
D’ Saint-Lago, d’ la Tour, des médecins
Des barbots et des argousins
Ah! Emmenez-moi, dites, emmenez-moi
Avant que la nuit soye passée
Et que j’soye encore ramassée
Sainte Vierge, emmenez-moi, j’ vous en prie
Je n’en peux pus de grelotter
Tenez, allumez mes mains gercées
Et mes p’tits souliers découverts
J’ n’ai toujours qu’ mon costume d’été
Qu’ j’ai fait teindre en noir pour l’hiver
Oui, emmenez-moi, dites, emmenez-moi
Et comme y doit y avoir du chemin
Si des fois vous vous sentiez lasse
Vierge Marie, pleine de grâce
De porter à bras not’ Seigneur
Un enfant, c’est lourd à la fin
Vous me l’ repasserez un moment
Et moi, je l’porterai à mon tour
Sans le laisser tomber par terre
Comme je faisais chez mes parents
La p’tite moman dans les faubourgs
Quand j’trimballais mes petits frères
Ça m’ prend comme ça, y a pas d’offense
J’ suis morte de froid, j’ me tiens plus debout
Ce soir encore, j’ai pas eu d’chance
Ce soir, pardi, c’est réveillon!
On n’ voit passer qu’ des rigoleurs
J’gueulerais "Au feu!" ou "Au voleur!"
Qu’ personne y ferait attention
Et vous aussi, Vierge Marie,
Sainte Vierge, Mère de Dieu,
Qui pourriez croire que j’ vous oublie,
Ayez pitié du haut des cieux
J’suis là, Sainte Vierge, à mon coin d’rue
Où d’puis l’apéro, j’ bats la semelle
J’ suis qu’une ordure, qu’une fille perdue
C’est "La Charlotte" qu’on m’appelle
Sûr qu’avant d’ vous causer première,
Jeune femme qu’est plus bas que l’ ruisseau
Devrait conobrer ses prières
Mais y m’en revient que des p’tits morceaux
Vierge Marie... pleine de grâce...
J’ suis fauchée à mort, vous savez,
Mes poignets, c’est pu qu’une crevasse
Et me v’là ce soir sur l’ pavé
Si j’entrais m’ chauffer à l’église
On m’ foutrait dehors, c’est couru
Ça s’ voit trop que j’ suis fille soumise
Oh! mand’ pardon, j’ viens d’ dire "foutu"
Tenez, z’yeutez, c’est la saint Poivrot
Tout flambe, tout chahute, tout reluit
Les restaurants et les bistrots
Ils ont la permission d’ la nuit
Tout chacun n’ pense qu’à croustiller
Y a plein d’monde dans les rôtisseries
Les épicemards, les charcuteries,
Que ça sent bon l’boudin grillé!
Ça m’ fait gazouiller les boyaux
Brrr! À présent Jésus est né
Dans les temps, quand y s’est amené
Si y gelait comme y gèle c’te nuit
Su’ la paille de vot’ écurie
Vous avez bien dû avoir froid
Jésus et vous, Vierge Marie
Bing! On m’ bouscule avec des litres
Des pains d’ quatre livres, des assiettes d’huîtres
Non, regardez-moi tous ces chameaux!
Oh! excusez, Vierge Marie,
J’crois qu’j’ai encore dit un vilain mot
N’est-ce pas que vous êtes pas fâchée
Qu’une fille d’amour pleine de péchés
Vous cause ce soir à sa manière
Pour vous expliquer ses misères?
Dites-moi que vous êtes pas fâchée
C’est vrai que j’ai quitté d’ chez nous
Mais c’était qu’ la dèche et les coups
La doche à crans, l’dâb toujours saoul
Les frangins déjà affranchis
C’était un vrai enfer, Sainte Vierge,
Soit dit sans être une effrontée,
Vous-même y seriez pas restée
C’est vrai que j’ai plaqué l’ turbin
Mais l’ouvrière gagne pas son pain
Quoi qu’a fasse, elle est mal payée
A n’ fait même pas pour son loyer
À la fin, quoi, ça décourage!
On n’a pu de cœur à l’ouvrage
Ni le caractère ouvrier
J’ dois dire encore, Vierge Marie,
Que j’ai aimé sans permission
Mon p’tit, mon béguin, un voyou
Qu’est en c’ moment en Algérie
Rapport à ses condamnations
Mais quand on a trinqué tout gosse
On a toujours besoin d’ caresses
On se meurt d’amour toute sa vie
On s’arrêtait pas, que voulez-vous
Pourtant j’y suis encore fidèle
Malgré les autres qui m’ courent après
Y a l’ grand Jules qui veut pas m’ laisser
Faudrait qu’avec lui j’ me marie
Histoire, comme on dit, d’ l’engraisser
Ben, jusqu’à présent, y a rien d’fait
J’ai pas voulu, Vierge Marie
Enfin, je suis dégringolée
Souvent on m’a mise à l’hosto
Et j’ m’ai tant battue et soûlée
Que j’en suis pleine de coups d’ couteaux
Bref, je suis pu qu’une saloperie
Un vrai fumier, Vierge Marie,
Seulement, quoi qu’on fasse ou qu’on dise
Quand on veut s’acheter une conduite,
Y a quequ’ chose qu’est pus fort que vous
Eh ben, c’est pas des boniments
J’ vous l’ jure, c’est vrai, Vierge Marie,
Malgré comme ça qu’ j’aille fait la vie
J’ai pensé à vous ben souvent
Et ce soir encore, ça m’rappelle
Un temps qui jamais ne reviendra
Ousque j’allais à vot’ chapelle
Les mois que c’était votre fête
J’ revois vot’ belle robe bleue, vot’ voile
Même qu’il était piqué d’étoiles
Vot’ belle couronne d’or sur la tête
Et votre trésor sur les bras
Pour sûr que vous étiez jolie!
Comme une reine, comme un miroir
Et c’est vrai que j’ vous revois ce soir
Avec mes yeux de gosseline
C’est comme si que j’y étais, parole!
Seulement, c’est ps comme à l’école
Ces pauvres calots, ce soir, Madame,
Y sont rougis et pleins de larmes
Aussi, si vous vouliez, Sainte Vierge,
Faire ce soir quelque chose pour moi
Pour l’ temps qu’ j’étais pas une impie
Vous n’avez qu’à lever un p’tit doigt
Et n’ pas vous occuper du reste
J’ vous d’mande pas des choses pas honnêtes
Faites seulement que j’ trouve et ramasse
Un porte-monnaie avec galette
Perdu pas un d’ces muf’ qui passent
À moi plutôt qu’au balayeur
Un porte-lasagne, Vierge Marie,
N’y aurait-y d’dans qu’un larantqué
Ça m’aiderait pour m’aller planquer
Ça m’ permettrait d’attendre à demain
Et d’ m’enfoncer dix ronds d’ boudin
Ou alors, si vous pouvez pas
Ou voulez pas, Vierge Marie,
Vous allez m’trouver ben hardie
Mais faites-moi de suite sauter l’pas
Et pis, emmenez-moi avec vous
Prenez-moi dans le paradis
Ousqu’y fait chaud, ousqu’y fait doux
Où plus jamais je ferai la vie
Sauf mon p’tit dont j’ suis pas guérie,
Vous pensez qu’ je ne regretterai rien
D’ Saint-Lago, d’ la Tour, des médecins
Des barbots et des argousins
Ah! Emmenez-moi, dites, emmenez-moi
Avant que la nuit soye passée
Et que j’soye encore ramassée
Sainte Vierge, emmenez-moi, j’ vous en prie
Je n’en peux pus de grelotter
Tenez, allumez mes mains gercées
Et mes p’tits souliers découverts
J’ n’ai toujours qu’ mon costume d’été
Qu’ j’ai fait teindre en noir pour l’hiver
Oui, emmenez-moi, dites, emmenez-moi
Et comme y doit y avoir du chemin
Si des fois vous vous sentiez lasse
Vierge Marie, pleine de grâce
De porter à bras not’ Seigneur
Un enfant, c’est lourd à la fin
Vous me l’ repasserez un moment
Et moi, je l’porterai à mon tour
Sans le laisser tomber par terre
Comme je faisais chez mes parents
La p’tite moman dans les faubourgs
Quand j’trimballais mes petits frères