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Les paroles de la chanson
« Vrai métier »
Manu Lods

Dans l’ temps, j’étais intermittent
J’ courais l’ cachet partout, tout l’ temps
J’étais content quand au compteur
J’avais cinq cent sept heures
J’ fréquentais qu’ des potes un peu space
Les bons amis d’ ma page Myspace
Et on chantait l’ soir dans les bars
Pour concurrencer Bénabar

Chanter c’est plutôt chouette comme job
Mais ça rapporte un peu peau d’ zob
Et quand ça veut pas décoller
Faut bien s’résoudre à s’recycler
’lors on r’tourne sa veste à carreaux
On s’en va chercher du boulot
On jette l’éponge, on sèche l’école
Des princes de la picole

C’est comme ça qu’ j’ai quitté l’ sentier
Des chanteurs et des va-nu-pieds
J’exerce enfin, dit mon banquier,
Un vrai métier

Hé oui, maint’nant j’bosse dans la com’
J’ai une DRH, un Dircom
Une adresse mail, un site point com
Et un bureau çacomme
Je roule en scooter MP3
Celui qui a pas deux roues mais trois
J’ai rejoint les péteux qui bossent
En pompes et costard Hugo Boss

Je fréquente des tas d’ secrétaires
Aux yeux d’ biches et langue de vipères
Qui ont toutes la photo d’ leurs mioches
Sur l’ fond d’écran d’ leur Macintosh
Moi, pour que tourne la machine
Je m’échine à courber l’échine

J’apprends à flatter du sous-chef
A opiner du chef
J’exerce, comme dit mon charcutier,
Un vrai métier

A midi, j’ bois plus jamais d’ vin
J’ bouffe avec du facteur humain
J’ connais même un type en interne
Qui aime bien Vincent Delerm
Dans les couloirs, les ascenseurs
Je croise des collaborateurs
Des gars qui m’ cassent un peu les noix
Qui m’ causent de primes et d’ treizième mois

J’enrichis mon vocabulaire
’vec des gros mots comme "chiffre d’affaires"
Comme "se recentrer notamment
En terme de positionnement"
Travailler plus pour plus gagner
Gagner plus pour être le premier
Ah mon Dieu, quel monde idéal
Que l’ultralibéral!

Dans ma tour de verre et d’acier
J’ croise plus beaucoup d’ comiques-troupiers
Maint’nant qu’ j’exerce de plain-pied
Un vrai métier

C’est vrai qu’ parfois j’en ai ma dose
Des infrastructures sous Windows
Et des pots d’ retraite pathétiques
Dans des flûtes en plastique
J’ me cure le nez en réunion
Je bâille quand ils causent de pognon
Leurs tronches de cadres aseptisées
Me dépriment et m’ foutent la nausée

Demain j’ me taille, je mets les gaz
J’ me paye une vieille BM d’occase
Je r’prends ma gratte et mon clébard
Ma casquette et j’ me barre
Retrouver sur les routes de France
Les ch’mins tordus d’ l’intermittence
Où pour vivre comme un nabab
Suffit d’une loge... et d’un kébab